En France, dans les années 90, l'Histoire de l'Art est très légèrement abordée pendant les cours d“arts plastiques” au collège. Cette matière se concentre sur la pratique artistique et permet d’éveiller la curiosité pour l’Histoire de l’Art. Les professeur-e-s l’ont bien compris, “c’est en faisant qu’on apprend”. Mais l’Histoire de l’Art, elle, n'est enseignée qu'à l'université. Elle est donc réservée aux étudiant-e-s de ces cursus.
Pourquoi ce peu d'intérêt pour cette matière qui traduit l’Histoire de l’Humanité à travers les
œuvres qu’ont laissé les artistes de leur époque ? Telles des illustrations de bandes dessinées, chaque œuvre témoigne d’une société et de ses traditions.
Edmond Eugène Valton, Dessinez enfants, pour soutenir plus tard l'honneur industriel de la République française, esquisse pour la salle
de dessin de l'école des garçons de la rue Dombasle, 15ème arrondissement de Paris, 1879. Crédit photo : Paris Musées
1919, la Mode au secours de l’Histoire de l’Art…
Tout commence par un don du grand couturier parisien Jacques Doucet (1853-1929). Il est également collectionneur d’art. Sa donation à l’université de Paris en 1919 viendra créer le premier fonds de la future bibliothèque de l'Institut national d'histoire de l'art (INHA).
H. Rober Dammy, Le coup de Vent, 1913. Crédit photo : Wikipedia.org
Mais ce n’est qu’en 1983 qu’André Chastel remet un rapport au Premier ministre Pierre Mauroy sur la “nécessité absolue de créer un institut français d’histoire de l’art comparable à ceux des autres pays occidentaux”. Il sera fondé… en 2001 ! Et sa bibliothèque sera ouverte au public… en 2016 !
Il aura fallu un siècle pour se mettre d'accord sur la création de cette institution chargée de superviser la diffusion de l’Histoire de l’Art…c’est dire à quel point l’Histoire de l’Art en France prend du temps à trouver sa place.
Ce manque de diffusion et d’intérêt par les entités politiques a créé une distance envers l’art. Pour certaines personnes, l'art n’est pas pour elles !
Une stratégie pour réduire ce clivage qui laisse songeur…
Malgré des efforts tardifs, le mal est fait ! La prise de conscience par le politique reste légère : en 1993, les lycéens qui le souhaitent peuvent s’inscrire à un enseignement optionnel en Histoire de l’Art, si leur établissement le permet… c'est-à-dire, si des professeur-e-s sont présent-e-s et formé-e-s pour enseigner et transmettre ces connaissances.
Auguste Rodin, Le Penseur, fonte réalisée par la fonderie Alexis Rudier, 1904. Crédit photo : Jean-Pierre Dalbéra
En 2008, le Ministère de l’Education Nationale intègre enfin l’Histoire de l’Art au programme éducatif dès la primaire et dans chaque type d’enseignement : général, technologique ou professionnel. Ainsi toute la population scolarisée a enfin accès à cette connaissance culturelle. Elle devient alors commune.
En 2009, le ministère de la culture crée le portail “Histoire des Arts” et en 2015, il donne accès à plus de 5000 ressources libres de droit sur ce portail. L’objectif est de “stimuler les dynamiques de réutilisation des contenus et de partenariats dans une logique réaffirmée de valorisation et de transmission artistique et culturelle”.
Cette volonté et ces actions concrètes visent à soutenir le vivre ensemble de la société française et à faciliter le partage d’un patrimoine commun.
Quand la loi s’en mêle !
Une problématique d’ordre juridique vient ralentir cette dynamique de facilitation d’un patrimoine artistique universel. La propriété intellectuelle encadre les droits des artistes sur leurs œuvres. Les œuvres dites libres de droits permettent une réutilisation même commerciale. Mais, cette réutilisation d'images d'œuvres d’art n’est pas encore totalement simplifiée. Si l’Education Nationale peut s’en servir en classe, les entreprises commerciales sont encore limitées dans leurs actions… et c’est peut-être très bien ainsi ?!
En propriété intellectuelle, le droit moral est perpétuel et inaliénable. C’est-à-dire qu’aucun contrat ne peut passer au-dessus de la décision de l’artiste ou de ses héritiers (ou du gouvernement quand il n’y a plus d’héritiers vivants) à valider l’usage de son œuvre. L’usage proposé dans une nouvelle création à partir d’une œuvre déjà réalisée doit être soumis à l’obtention d’une autorisation.
Donc, même si l’utilisation est déjà annoncée comme gratuite, il faut tout de même demander une autorisation pour en faire usage. Seuls les sites internet, propriétaires des œuvres et des photos de ces œuvres, mentionnant qu’une demande d’autorisation n’est pas nécessaire sont alors réellement libres de tout usage et réutilisation, éditorial et même commercial.
Ainsi, l’Italie par exemple, estime avoir un droit de regard sur l’usage de photographies d'œuvres de Pompeï ou d’artistes du domaine public.
Jean-Paul Gaultier, styliste renommé, en a fait les frais en 2022. En effet, le code italien des biens culturels impose qu’une demande d’autorisation préalable à un usage commercial d’une œuvre italienne soit déposée auprès de leur service. Or le styliste et ses équipes n’ont jamais fait cette demande d’autorisation.
L’avenir de la Culture se construit ensemble
On croirait qu’une œuvre du domaine public (c'est-à-dire dont l’artiste est décédé il y a plus de 70 ou 100 ans selon les pays) appartient à tout le monde. Ce n’est pas le cas au regard de ce droit moral.
Espérons à présent, qu’en plus d’accompagner la diffusion de l’Histoire de l’Art, l’Education Nationale et le Ministère de la Culture sensibilisent aux droits d’auteurs et à la propriété intellectuelle. L’aventure est infinie pour améliorer l’accès à la Culture pour toutes et tous !
Sources :
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